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    Le CCME organise une conférence économique virtuelle : « La Mauritanie dans l’ère Post-Covid-19
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    Le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés (CCME) a organisé mardi une conférence virtuelle sur le thème : « La Mauritanie dans l’ère Post-Covid-19 : Quel modèle de développement ? Enjeux et perspectives ».

    Cette conférence qui entre dans le cadre d’un partenariat engagé avec le gouvernement mauritanien fait suite à la production par le CCME d’une note en guise de contribution à la préparation de la relance économique après la COVID19 en Mauritanie.

    Cette conférence à laquelle le gouvernement a accordé une très grande importance était animé par le Dr Samba Thiam (ancien ministre du Budget et ancien cadre du FMI) a vu la participation de deux ministres M. Aziz Ould DAHI, ministre de l’Economie et de l’Industrie et M. Mohamed Lemine Ould DHEHBY, ministre des Finances. Il y avait également une touche environnementale apportée par Mme Maimouna Salek responsable du village de la biodiversité et grande défenseuse de l’environnement. La coordination des interventions était assuré par le Dr Abdoulaye DIAGANA responsable du site web Kassataya basé à Paris.

    Dans son mot de bienvenue prononcé depuis Houston (Arizona), le professeur Mamadou Baro, président du CCME et éminent chercheur basé aux Etats Unis a remercié les autorités mauritaniennes pour l’intérêt accordé aux cadres de la diaspora. La crise mondiale créée par la Covid est en train de changer le monde et renferme les germes du changement a-t-il souligné. Mr Baro a invité les responsables du pays à œuvrer pour l’émergence d’une Mauritanie forte. Cela est possible en révisant nos plans de développement a conclu le professeur Baro.

    Intervenant à partir de Washington, le conférencier Dr Samba Thiam a affirmé d’emblée que cette pandémie a entraîné de grands bouleversements au niveau de l’économie mondiale. Le protectionnisme revient en force. Et les Etats privilégient les intérêts nationaux à ceux de la coopération. La tendance c’est de préserver son pays d’abord avant de penser aux autres.

    Selon Mr Thiam la situation a démontré la faiblesse et la vulnérabilité de notre économie et il préconise l’indépendance économique et la résilience. Pour ce faire il faut développer une offre intérieure forte et il faut repenser l’exploitation des ressources nationales. Il a plaidé pour une diversification de l’économie mauritanienne. Il faut ajoute-t-il développer une offre à forte valeur ajoutée dans le domaine de la pêche. La relance économique post Covid doit être basée sur une croissance robuste. Pour Mr Thiam il faut revoir les objectifs de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) pour les adapter aux défis du futur. Nécessité également de convoquer des Etats Généraux de l’économie et de promouvoir une fiscalité incitative. Il faut aussi améliorer l’accès des populations aux services de base ; repenser la politique d’urbanisation ; et surtout s’orienter vers la digitalisation car l’avenir assure-t-il sera digital et l’exemple du Rwanda dans ce domaine est à suivre. En effet sans les outils technologiques c’est le blocage assuré prévient-il.

    Il faut aussi accorder une importance à la santé et à l’éducation. Et dans le domaine portuaire, poursuit Mr Thiam, la Mauritanie doit s’inspirer du modèle des Emirats Arabes Unies et de Djibouti en faisant du pays un hub de développement.

    Il a également insisté sur la nécessité de renforcer le système sécuritaire en perspective de l’exploitation gazière qui va susciter plein de convoitises. En conclusion, le Dr Thiam a affirmé que cette pandémie était à la fois un obstacle et un défi.

    Intervenant à son tour, le ministre de l’économie, Mr Abdel Aziz Ould Dahi est revenu sur le plan de riposte mis en place par le gouvernement. Il a mis en exergue le levier sanitaire et la stratégie adopté dans ce domaine et dont l’objectif est de casser la chaine de transmission de la maladie. Et aussi sur les mesures d’atténuation des impacts social et sécuritaire.

    Le ministre a affirmé que le secteur informel a été fortement impacté. 46% du PIB et 57% des emplois sont concernés. Il a fait état de la précarité des emplois dans ce secteur. 80% des employés n’ont pas de contrats de travail. L’incidence de pauvreté est montée à 51%. Elle dépasse ainsi son niveau il y a vingt ans. Le ministre a aussi souligné l’extrême sensibilité de l’économie mauritanienne aux chocs exogènes. Et cette année dit-il l’insécurité alimentaire touchera 610.000 personnes. Le projet gazier a aussi été reporté, ce qui n’est pas sans conséquences a ajouté le ministre.

    Selon Mr Dahi, le gouvernement s’apprête à démarrer un plan de relance économique en tenant compte de la présence du virus. Ce plan envisage le développement du secteur privé dont on veut faire le moteur de la croissance.

    A son tour, le ministre des finances M. Mohamed Lemine Ould DHEHBY a déclaré que cette pandémie fut une surprise et il y a une incertitude sur sa durée. Et de rappeler l’incapacité des systèmes de santé à y faire face. Pour Mr Dhehby, le plan de confinement était une nécessité même si dit-il, il était en défaveur de l’économie.

    Le ministre a rappelé la contribution du gouvernement au fonds Covid qui était à hauteur de vingt cinq milliards MRO. Il a également parlé des filets sociaux qui ont été mis en œuvre faute d’un autre modèle a-t-il dit. Selon lui cette pandémie est une opportunité que la Mauritanie doit saisir pour corriger tous ses handicaps. Il faut dit-il qu’on investisse dans le numérique et dans l’économie du savoir.

    Après le diagnostic économique sans complaisance c’étai au tour de Mme Maimouna Salek Présidente de l’ONG Biodiversité d’apporter une contribution portant sur l’impact environnemental de la politique de développement.

    Après avoir présenté et partagé avec les conférenciers quelques images de la biodiversité, une immersion qui a annoncé les couleurs, Mme Maimouna a soutenu que c’est une zoonose qui serait à l’origine de la pandémie de la Covid 19. Et d’ajouter que les changements de l’écosystème et la perte de la biodiversité sont à l’origine de la plupart des maladies. Et pour montrer l’ampleur de la catastrophe, elle a affirmé qu’aujourd’hui entre 500.000 et un million d’espèces sont en danger. La pandémie a dit-elle mis à nu nos systèmes économiques et de consommation. Elle a montré à l’homme ses limites et l’a mis devant ses responsabilités. Concernant les leçons à tirer de cette pandémie, la présidente de l’ONG Biodiversité préconise une batterie de mesures, entre autres : définir une nouvelle stratégie qui respecte l’environnement ; bannir l’utilisation des pots de poulpe en plastique ; éviter l’utilisation des pesticides ; Renforcer la protection des sanctuaires de la biodiversité ; réaliser des audits environnementaux systématiquement, conformément aux standards internationaux ; développer l’éco-tourisme ; développer l’économie circulaire (agriculture urbaine/Réhabilitation des jardins de Sebkha).

    La présidente de l’ONG Biodiversité a assuré que la conservation de la nature permettra de drainer beaucoup plus d’investissements et d’éviter les grandes catastrophes écologiques très coûteuses comme celle provoquée par la construction du barrage de Diama.

    Elle a enfin invité le gouvernement à prêter une oreille attentive à Mme la ministre de l’environnement du Développement Durable, Madame Marième Bekaye qui a une expertise exceptionnelle dans ce domaine.

    Bakari Guèye

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