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    Hydrogène vert : révolution en vue en Mauritanie
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    De grandes entreprises européennes sont prêtes à financer des projets d’énergie propre dans des pays susceptibles de les mener à bien. Une aubaine pour la Mauritanie, qui souhaite développer l’hydrogène vert, avec comme objectif de l’électricité pour tous d’ici à 2030.

    Selon une étude de la British Chariot Compagnie, la Mauritanie a tous les atouts pour produire de l’hydrogène vert à très faible coût : un potentiel solaire et éolien, d’immenses zones désertiques et une proximité avec les eaux de l’Atlantique.

    En 2021, Nouakchott a ainsi conclu un accord portant sur la mise en œuvre de Nour, le plus grand projet d’hydrogène vert en Afrique. Sa capacité sera de 10 gigawatts (GW) et le montant des investissements pourrait atteindre 3,5 milliards de dollars.

    De quoi assurer au pays une réelle compétitivité internationale. Quatre autres projets, d’une capacité totale de 85 GW, pour un coût de 100 milliards de dollars, devraient également voir le jour d’ici dix à quinze ans.

    Jusqu’à 900 milliards de dollars d’investissement d’ici à 2050
    En avril 2023, la Mauritanie a accueilli une conférence sur l’accélération du financement de l’hydrogène vert en Afrique, en coopération avec l’Alliance africaine pour l’hydrogène vert (AGHA), la Green Hydrogen Organisation (GH2) et la Banque mondiale.

    Les études présentées à cette occasion révèlent que, pour que les pays membres de l’Alliance africaine atteignent le potentiel d’hydrogène vert, le montant des investissements cumulés devra se situer entre 450 et 900 milliards de dollars d’ici à 2050.

    Bien que la Banque mondiale classe la Mauritanie parmi les « pays les moins avancés » – 160e sur 189, selon l’Indice de développement humain –, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a accepté, en janvier 2024, de lui accorder un prêt de 86,9 millions de dollars dans le cadre d’un programme de réformes lié à l’industrialisation de ce produit.

    Cette somme a vocation à créer une infrastructure technique conforme aux normes internationales. Par ailleurs, des technologies nouvelles ont vu le jour ces dernières années, chacune visant à réduire la dépendance aux combustibles fossiles riches en carbone et à limiter les émissions de gaz à effet de serre.

    Combustible plus sûr et plus stable que les autres, l’hydrogène est idéal pour alimenter le secteur de l’industrie, les bâtiments et les véhicules.

    Des perspectives de croissance économique s’offrent au pays, grâce à ses ressources énergétiques renouvelables, déjà exploitées ou potentielles. La technique qui permet produire de l’hydrogène vert à partir de l’eau et de l’utiliser comme source de carburant est connue depuis des décennies.

    Mais ce n’est que récemment qu’on a pris conscience des avantages de ce produit par rapport aux combustibles traditionnels émetteurs de dioxyde de carbone.

    Partout où de l’eau et une source renouvelable d’énergie sont présentes, on observe un potentiel élevé de production d’hydrogène vert. La Mauritanie est particulièrement avantagée à cet égard, car elle dispose de grandes réserves fossiles d’eau douce (1) et des facilités pour exploiter des sources renouvelables d’énergie : éolien, hydroélectrique et géothermique.

    Le dessalement à moindre frais de l’eau de mer multiplie aussi le nombre de zones où l’on pourrait produire durablement de l’hydrogène. Le développement cette industrie permet d’envisager de notables avantages : création d’emplois, apport de devises par le biais des exportations et des recettes fiscales.

    La capacité de notre pays à utiliser ses ressources solaires et éoliennes pour produire de l’ammoniac « vert » constitue une réelle chance. Il dispose d’atouts intrinsèques et concurrentiels pour se positionner en leader de la production d’hydrogène sur l’ensemble du continent africain.

    Avec nos 3 000 heures d’exposition solaire (en moyenne) par an et une constante des vents des plus élevées au monde, cette transition verte est à portée de main. Elle tombe à point nommé : l’hydrogène vert représente la solution alternative pour les pays d’Europe qui, de plus en plus nombreux, souhaitent que le taux de production des énergies renouvelables atteigne 52% d’ici à 2030 afin de réduire de 20% leurs émissions de gaz à effet de serre et de contribuer à la « décarbonation » des pays partenaires.

    Sensibiliser le public
    L’État mauritanien est donc appelé à relever de nombreux défis liés aux choix technologiques, à l’intégration locale, et, surtout, à l’établissement d’un cadre juridique et réglementaire, sous l’œil attentif d’instances de régulation et de contrôle.

    L’intérêt mondial pour l’hydrogène vert va croissant. Il s’accompagne déjà d’enjeux liés à la chaîne d’approvisionnement pour les fabricants d’équipements-clés, ce qui rend essentielle sa gestion des risques.

    Cette gestion sera exigeante : nos ingénieurs et les fabricants devront rapidement affiner leurs connaissances et leur expertise pour garantir la sécurité de la production et du transport.

    Le gouvernement devra aussi s’appuyer sur cette expertise mondiale grandissante pour mettre en œuvre de nouvelles politiques et de nouvelles normes afin que le secteur progresse au rythme de la demande.

    Autre défi à relever : l’adhésion de l’opinion. Comme c’est le cas avec chaque nouvelle technologie, la peur du risque est présente. Il faut donc considérer tous les aléas liés aux industries de l’ammoniac et de la pétrochimie et en tirer les leçons, l’idée étant que l’hydrogène vert puisse être produit et transporté en toute sécurité, sans risque pour les personnes et pour l’environnement.

    Les acteurs de tout projet relatif à ce produit doivent donc impérativement étudier toutes les éventualités, sensibiliser la population et l’aider à dépasser les préjugés.

    La coopération entre le gouvernement, les producteurs et l’opinion sera déterminante pour garantir la place qu’occupera l’hydrogène vert à court terme dans la transition énergétique. Son utilisation est en rapide expansion dans le monde.

    Dans ce contexte, notre pays se trouve dans une position idéale pour devenir un fournisseur et un partenaire économique de premier plan. La production de la Mauritanie pourrait changer d’échelle, avec, à la clé, de fortes hausses des recettes budgétaires et des exportations.

    Cheikh Ahmed Ould Mohamed
    Ingénieur, Chef du service Études et Développement de l’établissement portuaire de la Baie du repos de Nouadhibou.

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