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    Transition énergétique : Un nouveau décollage vert
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    La vision visant à renforcer la position de la Mauritanie parmi les pays leaders en matière de transition énergétique au niveau mondial et qui a conduit à l’adoption de la stratégie de l’énergie solaire et éolienne au niveau national en 2021 a placé notre pays sur une nouvelle voie. Une voie capable de générer d’importants avantages économiques, sociaux et environnementaux. Dans ce contexte, la conférence COP 21, organisée à Paris en 2021, a consolidé la position de leader qu’occupe notre pays en ce domaine. L’expérience acquise par les acteurs nationaux depuis le lancement de ladite stratégie et le développement technologique qui a établi des filières majeures au cours des quatre dernières années sont autant de facteurs qui ont contribué à cristalliser une nouvelle donne. Il s’agit maintenant d’adopter une nouvelle approche dans notre stratégie énergétique nationale. Notre pays est ainsi appelé à un nouveau décollage vert.

    Un potentiel en croissance remarquable

    Issu des énergies renouvelables, notre potentiel énergétique est de plus en plus compétitif. Il représente à peu près la capacité de production de gaz et d’hydrogène vert. L’exploitation de cette réserve per mettra de réduire significativement le taux de notre dépendance énergétique, d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, d’atteindre la compétitivité des industries et des comptes publics, voire de renforcer la position de notre pays sur le plan international. Cette approche est censée nous permettre d’approvisionner l’Europe en énergie verte à travers l’électricité et l’hydrogène. Les nouveaux engagements européens ouvrent également des horizons prometteurs dans ce domaine, puisqu’ils visent à atteindre une neutralité climatique globale d’ici 2050, ce qui a été incarné dans le Green Deal de l’Union européenne. Une étude européenne a récemment classé la Mauritanie parmi les cinq meilleurs pays au monde pour développer ce type de partenariat énergétique. En tant qu’ingénieur fondateur et responsable d’un bureau d’études ad hoc, je crois nécessaire d’engager une stratégie prenant en compte la transition énergétique dans son ensemble, au-delà de l’électricité et des usages classiques. Il faut donc allouer à l’avenir notre capacité électrique presque exclusivement aux ressources renouvelables et au stockage (stations STEP, batteries et technologies en cours de développe ment) ; améliorer la production électrique décentralisée au niveau des foyers, des industries, des communautés, des projets agricoles, des coopératives, etc. ; assurer la conversion progressive de la mobilité qui représente 49% de la consommation totale d’énergie actuelle, afin d’accroître l’utilisation des transports partagés durables et des véhicules électriques ; élaborer une politique cohérente d’efficacité énergétique ; investir dans le dessalement de l’eau de mer, grâce aux énergies renouvelables dont les coûts diminuent, afin de faire face au stress hydrique à Nouakchott et à Nouadhibou ; et suivre la révolution de l’hydrogène (Power-to-X). Les avantages compétitifs de notre pays en ce domaine sont importants.

    Multiplier les partenariats intelligents

    Pour atteindre ces objectifs, je recommande l’adoption des principes suivants : étudier la nouvelle stratégie de manière approfondie, afin de bénéficier des synergies entre les initiatives susdites ; l’accompagner d’une réforme globale du cadre juridique et de gouvernance, afin de s’adapter aux évolutions du secteur et de remodeler les politiques publiques affectant l’énergie, en trai tant de manière coordonnée et intégrée toutes celles pertinentes précédemment élaborées et mises en œuvre de manière sectorielle isolée ; donner plus d’espace à l’initiative privée à tous les niveaux, tout en garantissant une offre globale ; s’appuyer sur un engagement citoyen élargi, incluant les citoyennes, les citoyens et les régions, pour lier la transition énergétique aux enjeux de développement local. Concernant ce dernier point, je recommande d’élaborer une Charte de la transition énergétique. Au niveau continental, il faut s’orienter vers des ateliers africains d’électrification et mettre en place des infra structures assurant l’échange d’électricité propre, dans toute l’Afrique de l’Ouest notamment. Au niveau international, notre pays possède désormais des qualifications qui lui per mettent de se hisser au rang des pays leaders en économie verte, notamment dans le secteur de l’hydrogène. Pour relever ce défi énergétique, la Banque africaine de développement (BAD) a signé un accord de finance ment de 289 millions d’euros pour deux projets du secteur de l’énergie et de transition énergétique. Le 5 juin 2023, la Mauritanie a signé un accord avec Global Gateway, la stratégie européenne visant à développer des liens intelligents, propres et sûrs avec l’Afrique, notamment dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports. Ce programme sera financé à hauteur de 13,25 millions d’euros par le budget de l’UE. La France contribuera au programme au fur et à mesure de son avancement. Cette action a été conçue autour de quatre objectifs visant à transformer le secteur de l’électricité : soutenir les réformes institutionnelles au sein du ministère de l’Énergie, de la SOME LEC et de l’autorité de régulation ; améliorer l’accès à une énergie durable, équitable, abordable et fiable pour tous ; augmenter notre capacité nationale de production et de distribution d’électricité verte ; permettre le développement d’activités économiques et d’emplois décents

    Plus qu’un défi : une ambition majeure

    L’accès à l’énergie est une priorité stratégique pour la Mauritanie. Bien que des progrès aient été réalisés dans sa production au cours des dix dernières années, l’électricité reste un des principaux obstacles au développement économique et social du pays, avec un faible taux global d’accès à celle-ci (48%), une forte inégalité d’accès entre les zones urbaines (82%) et les zones rurales (6%), des coûts de production élevés, dus en grande partie à la dépendance aux énergies-fossiles, un réseau sous-développé et une intégration difficile des énergies renouvelables dans ledit réseau. Pour concrétiser notre vision ambitieuse, nous devrons définir des mesures claires et crédibles que notre gouvernement, les entreprises et chacun d’entre nous doivent prendre pour mener à bien cette transition. Je reconnais par ailleurs que de nombreux facteurs influeront sur son déroulement : nous pourrons en maîtriser certains, en prévoir raisonnablement d’autres, mais il en reste ra encore qui nous prendront par surprise. Aussi présentons-nous le chemin à suivre sous forme de quatre trajectoires complémentaires en relation d’exploration. L’orientation de ces trajectoires et le rythme notre progression sont de plus en plus clairs et nous connaissons, comme je l’ai dit tantôt, déjà certaines des mesures à prendre, tout en sachant que nous devrons réagir, en cours de route, aux circonstances changeantes. Mais il est essentiel de maintenir le cap et d’accélérer notre transition dès maintenant. Voici ces quatre trajectoires : réduire le gaspillage d’énergie ; passer à l’énergie propre avec une longueur d’avance ; utiliser plus de carburants renouvelables ; produire des hydrocarbures plus propres. La transition de notre pays vers un système énergétique vert repose sur les principes suivants : une transition responsable réduisant la pollution par le carbone de façon à atteindre les objectifs climatiques ; une transition durable offrant une énergie propre et fiable ; une transition prospère stimulant l’innovation et l’entrepreneuriat pour générer des emplois et attirer des investissements. La transition énergétique pourrait bien s’avérer le plus grand défi de notre pays mais s’avérer aussi notre plus grande ambition : une sorte de mission nationale urgente et audacieuse pour ouvrir à tous un meilleur avenir. Je propose donc d’utiliser ses ressources et son influence pour prendre les mesures suivantes : élaborer un plan pour la transition énergétique ; bâtir une plateforme gouvernementale unifiée pour l’orienter au mieux, à l’instar d’autres grands pays qui l’ont très heureusement intégrée ; passer de la parole aux actes ; établir un institut indépendant sur le climat et la transition énergétique.

    CHEIKH AHMED OULD MOHAMED

    INGÉNIEUR

    CHEF DU SERVICE ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENT ÉTABLISSEMENT PORTUAIRE DELA  BAIE DU REPOS  DE NOUADHIBOU

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