Forum ou club fermé ? Le vrai visage de Mauritanides
La Mauritanie a voulu, une fois encore, afficher ses ambitions à travers Mauritanides 2025, rendez-vous phare des mines et de l’énergie. Trois jours de discours, d’expositions et de panels, portés par le slogan séduisant « La Mauritanie, terre d’opportunités ». Mais derrière l’affiche, la réalité fut moins reluisante : des salles clairsemées, des visages connus et des tarifs qui interrogent.
À plus de 2 500 USD pour un pass international et 1 800 USD pour un pass local, l’événement s’est placé d’emblée hors de portée des PME, start-ups et chercheurs mauritaniens. Une politique tarifaire qui tranche avec les grandes rencontres internationales, où les citoyens du pays hôte bénéficient de tarifs préférentiels, voire de gratuité. Ici, les Mauritaniens ont payé quasiment le même prix que les étrangers. Résultat : une participation nationale réduite, des panels peu fréquentés et un fossé creusé entre le discours officiel d’inclusion et la pratique.
Sur le fond, le constat est tout aussi préoccupant. Les débats ont été dominés par les mêmes entreprises déjà implantées : SNIM, Kinross, BP, Kosmos, Chariot, CWP, Aura. Les panels ont donné une impression de déjà-vu, avec des promesses récurrentes sur le gaz, l’hydrogène vert et les minerais critiques. Peu de nouveaux acteurs, peu de voix inédites, peu de perspectives disruptives. Mauritanides ressemble de plus en plus à une vitrine figée, où l’on recycle les discours plus qu’on n’invente l’avenir.
Pourtant, les enjeux sont majeurs : transformer les richesses minières en retombées tangibles, bâtir des chaînes de valeur locales, sécuriser l’approvisionnement énergétique et ancrer l’hydrogène vert dans une stratégie crédible. Autant de défis qui nécessitent transparence, gouvernance et inclusion. Mais sans ouverture aux forces vives locales, sans nouveaux investisseurs, sans diversification des débats, le risque est grand de voir le salon perdre sa légitimité.
Emergence le souligne : la Mauritanie a besoin d’un forum qui rassemble, qui innove, qui implique. Faute de quoi, Mauritanides restera un rendez-vous coûteux, plus rituel que moteur, plus vitrine que catalyseur. La « terre d’opportunités » continuera d’être vantée sur scène, mais restera inaccessible pour beaucoup.