En début janvier 2024, les autorités mauritaniennes ont pris la décision surprenante de tripler les frais de transit pour les fruits et légumes marocains, les faisant passer de 1 600 à 4 600 euros, une mesure qui a suscité l’étonnement des exportateurs marocains et reste inexpliquée du côté mauritanien. Mehdaoui El Mokhtar, un producteur marocain opérant au Maroc, en Mauritanie et au Sénégal, partage son point de vue sur la situation.
Il explique : « Le Maroc fait face à une sécheresse sévère et constante depuis quatre ans, entraînant une pénurie d’eau et l’épuisement de la nappe phréatique. Les prix des produits frais ont considérablement augmenté sur le marché local marocain, forçant le gouvernement à interdire l’exportation d’oignons et de pommes de terre vers les pays d’Afrique de l’Ouest, dont la Mauritanie. »
Un autre producteur de légumes basé à Souss Massa a souligné dans les médias marocains : « L’interdiction des exportations a été ressentie comme une humiliation dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, dépendant de l’approvisionnement marocain qui s’est soudainement interrompu pour leurs citoyens. »
Malgré cela, M. Mehdaoui estime que la décision d’augmenter les tarifs douaniers à la frontière maroco-mauritanienne présente des avantages à plusieurs égards. Il explique : « Tout d’abord, cette mesure influencera l’ensemble des approvisionnements marocains vers l’Afrique, car la Mauritanie est la seule porte d’entrée vers les pays du Sahel. Cela encouragera une meilleure organisation des échanges et un transfert vers le transport maritime, bénéfique pour toutes les parties. »
Il ajoute également : « Deuxièmement, l’augmentation des taxes profitera aux producteurs et exportateurs sénégalais, qui verront leurs exportations vers la Mauritanie augmenter. Bien que le marché local mauritanien soit affecté par la diminution de l’offre marocaine, cela n’aura lieu qu’à partir du mois de mai, grâce à l’offre sénégalaise. Nous avons donc le temps de nous adapter. »
Enfin, les répercussions de cette décision se sont rapidement fait ressentir sur le marché local marocain. Selon le site d’information marocain Medias24, les prix des tomates marocaines ont chuté sur les marchés de gros au Maroc, en raison directe de la baisse des volumes exportés via la Mauritanie.