Pour une souveraineté aérienne et une surveillance intelligente du territoire, la Mauritanie doit lancer sa filière drone
La Mauritanie (État et secteur privé) doit d’urgence bâtir une filière nationale de drones. Il en va de la souveraineté du pays et d’une occasion économique à saisir dans un secteur technologique en plein essor.
Un boom mondial : l’Afrique s’équipe
L’industrie des drones connaît une croissance fulgurante : le marché mondial pourrait tripler d’ici 2030. En Afrique, au moins 13 sociétés produisent déjà 35 modèles de drones aux usages variés : surveillance frontalière, anti-braconnage, livraisons médicales, etc. Plusieurs pays africains fabriquent leurs propres drones : Afrique du Sud, Nigeria, Égypte, Kenya… Le Maroc va ouvrir une usine en partenariat avec un constructeur de pointe, et l’Éthiopie vient d’inaugurer la sienne. Preuve qu’une stratégie drone ambitieuse est possible en Afrique, avec des retombées concrètes civiles et militaires.
Le retard mauritanien
La Mauritanie n’a à ce jour ni cadre légal pour les drones, ni industrie locale, et ses importations sont dérisoires. Elle dépend donc totalement de l’étranger : récemment, l’armée a dû acheter des drones de surveillance chinois pour couvrir le territoire. Cette absence de capacité nationale fait perdre des emplois qualifiés et menace notre souveraineté technologique. À l’inverse, développer des drones « made in Mauritania » réduirait les coûts, adapterait la technologie aux besoins locaux (désert, littoral) et garantirait une indépendance stratégique accrue. Les investissements dans ce secteur stimuleraient la recherche, la formation de compétences et d’autres industries innovantes du pays.
Pistes pour une filière nationale
Des mesures concrètes peuvent lancer la filière drone mauritanienne dès maintenant :
• Réglementation : adopter une loi claire sur l’utilisation des drones.
• Centre technique : créer un centre de fabrication et de formation dédié.
• Financement : lancer un fonds public-privé de soutien aux start-ups locales du drone.
• Partenariats : s’allier à des fabricants internationaux pour un transfert de savoir-faire.
• Demande publique : utiliser en priorité des drones locaux dans les services de l’État (douanes, agriculture anti-criquets, surveillance du littoral, etc.).
Agir maintenant
La fenêtre d’action est étroite et le temps presse. Chaque année de retard accentue notre dépendance et notre décrochage. Il revient aux décideurs mauritaniens d’agir dès maintenant : investir dans les drones aujourd’hui, c’est préparer une Mauritanie plus sûre, plus innovante et plus souveraine demain.
Éditorial – Émergence

