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    La Mauritanie annonce la signature de deux accords internationaux pour la production de l’hydrogène et de l’ammoniac verts
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    Ce lundi 8 septembre 2025, le gouvernement mauritanien – à travers le ministère de l’énergie et du pétrole – a signé deux accords-cadres avec deux entreprises internationales pour la production d’hydrogène et d’ammoniac verts.

    Le premier accord a été signé avec la société UEG GREEN HYDROGEN DEVELOPMENT HOLDING LIMITED (UEG) et vise à produire près d’un million de tonnes d’ammoniac vert par an sur deux sites situés dans le nord et le centre du pays, tout en étudiant la possibilité de produire du fer réduit (HBI) ou de l’acier vert.

    Le deuxième accord a été signé avec la société polonaise HYNFRA PROSTA SPÓŁKA AKCYJNA (HYNFRA) et vise à développer un projet de production d’ammoniac vert d’une capacité annuelle estimée à 120.000 tonnes.

    Si sur sa page Facebook le ministère de l’énergie et du pétrole est demeuré assez laconique dans son annonce de ces deux évènements, on en apprend un tout petit davantage avec Hydrogen Insight (https://www.hydrogeninsight.com/production/billions-of-dollars-of-new-green-hydrogen-and-ammonia-projects-announced-in-mauritania/2-1-1869419) qui informe que des développeurs chinois et polonais ont signé des accords-cadres avec le gouvernement mauritanien pour la construction de nouvelles usines d’hydrogène vert et d’ammoniac dans ce pays d’Afrique du Nord, ce qui nécessiterait des milliards de dollars d’investissement.

    Le producteur polonais d’ammoniac Hynfra prévoit de construire un projet de 1,5 milliard de dollars près de Nouakchott, la capitale, qui produirait 100 000 tonnes par an à partir de 2030, avec des exportations via le port de l’Amitié tout proche.

    Le développeur chinois UEG vise quant à lui à produire dix fois plus d’ammoniac vert – environ un million de tonnes par an – dans des sites non spécifiés du nord et du centre du pays.

    UEG en bref

    United Energy Group (UEG), basé à Hong Kong et coté à la Bourse de Hong Kong (0467.HK), (www.uegl.com.hk) est un groupe énergétique intégré indépendant de premier plan. Le groupe est principalement actif dans les secteurs de l’amont pétrolier et gazier, des énergies propres et du négoce d’énergie, avec une présence internationale.

    L’entreprise s’engage à accroître continuellement sa production et ses réserves, tout en accélérant la transformation de sa structure énergétique afin de répondre à la demande énergétique diversifiée du marché international.

    Grâce à son modèle bi-énergie, combinant énergies conventionnelles et énergies propres,

    l’entreprise continue de promouvoir un développement de haute qualité, de maintenir des politiques financières et des décisions d’investissement judicieuses, et de poursuivre un modèle de développement durable.

    UEG a fondé plusieurs filiales dont Kuwait Energy (www.kuwaitenergy.co/) fondée en 2005 qui de son côté a fondé en 2021 une filiale en Egypte : United Energy Egypt (UEE) (https://new.ueel.co/) qui se consacre à la croissance durable et à long terme du secteur de l’énergie.

    Le siège social d’UEG est situé à Hong Kong et l’entreprise possède des filiales en Chine et au Pakistan. Le bureau de Pékin sert de siège technique et opérationnel, tandis que le bureau de Karachi est le siège d’United Energy Pakistan Limited (« UEP »), la filiale pakistanaise de la société.

    Hynfra en bref

    Sur son site Internet (https://www.hynfra.com/mauritania) la société polonaise Hynfra dévoile ainsi les données de base de son projet en informant que le projet Mauritania Green Ammonia (MGA) est un projet d’ammoniac situé dans le port de Nouakchott, dont la mise en service est prévue en 2030.

    Afin de faciliter la mise en œuvre du projet, la SPV – Mauritania Green Ammonia SARL a été créée en tant que coentreprise entre Hynfra et Maurev Sarl.

    Le concept commercial de Mauritania Green Ammonia (MGA) repose sur la production d’ammoniac vert comme produit principal. L’énergie produite à partir de sources d’énergie renouvelables (EnR) répondra principalement aux besoins opérationnels de l’installation, le surplus d’énergie étant injecté dans le réseau électrique de la région de Nouakchott.

    Hynfra envisage une puissance installée de 552 MW pour les énergies renouvelables ainsi qu’une puissance installée de 173 MW pour l’électrolyse.

    Hynfra souligne qu’une augmentation possible de la production en fonction de la disponibilité de la zone et des résultats de l’étude de faisabilité.

    Pour ce qui est des infrastructures, Hynfra nous apprend que les installations du projet seront situées à proximité du port public de Nouakchott, le plus grand port de Mauritanie et la principale porte d’entrée du commerce maritime du pays. Sa situation stratégique, à proximité des principales routes maritimes, en fait une plaque tournante essentielle pour le commerce régional et international.

    Quant aux avantages et autres aspects sociaux de son projet en Mauritanie, Hynfra présente les choses ainsi : « Aspects sociaux : Les projets d’hydrogène vert en Mauritanie peuvent offrir des avantages sociaux considérables, en plus des gains économiques. Seulement 68 % environ de la population a accès à l’eau potable, les zones rurales connaissant de graves pénuries. De plus, le taux d’accès à l’électricité du pays s’élève à 48,9 %, laissant de nombreuses personnes sans alimentation électrique fiable. En exploitant les abondantes ressources en énergies renouvelables, ces projets peuvent contribuer à répondre aux besoins essentiels en infrastructures, en fournissant une électricité fiable et de l’eau potable aux communautés isolées et mal desservies » sic.

    Hynfra déclare également qu’il s’agit de l’initiative la plus développée et la plus avancée d’Hynfra sur le continent africain. (Comme quoi la Mauritanie est – en l’occurrence – le pays-cobaye en Afrique).

    HBA Future Energy

    Dans notre publication du 9 juillet 2025 (https://emergence.mr/2025/07/09/hba-future-energy-prepare-un-projet-dammoniac-mauritanie/), nous annoncions que la multinationale HBA Future Energy basée à Singapour (https://hbafutureenergy.com/) s’intéressait à développer un projet d’ammoniac vert en Mauritanie pour lequel elle avait déjà introduit une proposition technique et financière en avril 2024, et renouvelée en juin 2025.


    Le groupe singapourien HBA Future Energy, spécialisé dans les infrastructures énergétiques durables, propose d’investir dans la construction d’une usine de production d’ammoniac vert d’une capacité annuelle de 240.000 tonnes métriques, adossée à un mix énergétique 100 % renouvelable.
    Un tel projet structurant pour la transition énergétique est prévu d’être déployé selon une approche modulaire, avec deux lignes de production de 120.000 tonnes chacune.

    Il s’appuiera sur une combinaison de sources d’énergie renouvelable comprenant :
    • une capacité éolienne comprise entre 450 et 600 mégawatts (MW),
    • une production solaire de 300 à 350 MWc,
    • un système de stockage par batteries offrant 100 à 175 MWh.

    En outre, pour son projet en Mauritanie, HBA dit n’avoir besoin que d’une superficie de seulement…52 Km2 dans le nord du pays.

    L’ammoniac produit sera destiné à l’exportation via une jetée dédiée, reliée aux installations terrestres par des conduites installées sur chevalets. Des infrastructures spécifiques permettront également le transfert vers des navires spécialisés.

    En tant qu’acteur international d’envergure, HBA Future Energy (HBA) est dirigée par M. Hassan Basma, figure reconnue dans le secteur offshore, HBA Future Energy capitalise sur plus de quatre décennies d’expertise. Ancien PDG de Bumi Armada, M. Basma est crédité d’avoir hissé le groupe malaisien parmi les cinq premiers opérateurs mondiaux de FPSO.

    Avec un positionnement stratégique en Afrique et présente sur plusieurs marchés africains, HBA exécute actuellement un contrat de 300 millions de dollars au Nigeria pour la construction et l’exploitation d’une unité FPSO. Elle a également été présélectionnée pour un marché de 800 millions de dollars au Ghana, et vient de remporter un contrat EPCIC de 170 millions de dollars en Corée du Sud pour une sous-station offshore de 532 MW.

    En Mauritanie, le projet d’ammoniac vert s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer des installations à faible coût énergétique actualisé de production (LCOA) dans les zones à fort potentiel renouvelable. Le pays est considéré par HBA comme un territoire stratégique dans sa vision d’une économie de l’hydrogène vert.

    HBA Future Energy attend toujours depuis plus d’une année et demie de pouvoir signer un MOU avec le Gouvernement mauritanien afin d’avancer rapidement sur le démarrage de son projet en Mauritanie.

    Un retard d’autant incompréhensible de la part de HBA que la structuration clairement séquencée de son projet favorise son démarrage immédiat et non…d’ici à 2030 !

    En outre, HBA avait officiellement invité le Ministère de l’Energie et du Pétrole à signer un MOU lors du Africa-Singapore Business Forum 2025 organisé en août dernier par le Gouvernement de Singapour, tout en exprimant leur disponibilité à venir en Mauritanie afin de formaliser ce partenariat d’investissement.

    Chronique des MOUs, des Accords-cadres et du temps qui passe…

    Plusieurs observateurs et spécialistes ont déjà évoqué la pertinence de la signature de MOU non-contraignant dans des secteurs aussi stratégiques et innovants que la production de l’hydrogène vert et de ses dérivés.

    Compte tenu de multiples facteurs à prendre en considération dans le développement de tels projets : de la mobilisation des investissements aux contraintes technologiques (électrolyseurs) en passant par la règlementation internationale en la matière encore balbutiante ou encore l’existence d’infrastructures appropriées, et surtout la sécurisation de contrats commerciaux (offtaker) ainsi que des calendriers de mise en œuvre, la signature de MOUs non-contraignants ou d’accords-cadre ne représente qu’un banal accord dont l’expérience récente de notre pays en a répétitivement découvert les vices.

    Si les vertus recherchées de ce type d’accords résident dans l’attraction de véritables investisseurs et développeurs de projets d’hydrogène vert et d’ammoniac vert, la Mauritanie n’en a encore vu que le temps qui passe, jalonné de temps à autre, par des déclarations d’intention aussi creuses que décalées d’une véritable réalité de mise en œuvre.

    L’innovation cette fois-ci est que « Afin de faciliter la mise en œuvre du projet, la SPV – Mauritania Green Ammonia SARL a été créée en tant que coentreprise entre Hynfra et Maurev Sarl ». Autrement dit, ayant pour l’instant échoué à traduire dans les faits les MOUs précédemment signés avec des entreprises internationales (CWP Global, Chariot/TotalEren, BP, GreenGo Energy, pour ne citer que celles-ci), la Mauritanie signe un MOU avec une SPV (Special Purpose Vehicule) constitué en coentreprise avec une entreprise mauritanienne à responsabilité limitée : Maurev Sarl !

    Autant l’implication et la participation des entreprises privées mauritaniennes dans les projets de développement dans notre pays est à saluer et à encourager, autant la question se pose quant à l’apport qu’une entreprise mauritanienne, en l’occurrence Maurev Sarl,aura à apporter – dans cette phase du projet – à un projet de production d’hydorgène vert et d’ammoniac vert.

    Est-ce une expertise technologique, un apport financier dans l’investissement, ou autre ? Il n’y a AUCUN DOUTE que c’est non pour le premier point, quant au second point, LE DOUTE est permis quand on considère le niveau d’investissement requis qui se chiffrerait à plusieurs centaines de millions de dollars, et quand à la troisième possibilité, TOUS LES DOUTES sont permis…

    Quoi qu’il en soi, nous encourageons et soutenons toute initiative d’attraction des investissements étrangers dans notre pays, mais force est de constater qu’en la matière, autant notre Gouvernement s’est attelé à l’élaboration et à la sophistication de textes adaptés à l’attractivité économique de notre pays, autant INVERSEMENT les flux des IDE en Mauritanie ont été en régression, hormis – à ce jour – le projet gazier GTA.

    Quand on considère que les investissements étrangers dans les énergies propres stimulent la dynamique de durabilité, ceci devra être pour nous un argument de plus en faveur d’une gouvernance saine et transparente de notre potentiel énergétique toutes sources confondues.

    L’avenir de la Mauritanie – à l’instar de tout autre pays, d’ailleurs – réside dans notre capacité à maitriser notre présent.

    Antoine de Saint-Exupery disait : « L’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre. ». Alors, tâchons de permettre notre avenir, au lieu de le voir confisqué aujourd’hui…

    La Rédaction

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