Les règles de vie en société sont faites pour des hommes, pour apporter une certaine harmonie, faire barrage à l’anarchie. Le bien, le mal, l’ordre, le désordre, la discipline, l’indiscipline, la civilité, l’incivilité s’instaurent selon le niveau d’éthique , de bon sens mais surtout de culture juridique des membres de la société.
Eh non ! Ce n’est pas toujours l’abus d’autorité qui fait que les règles ne sont pas appliquées ou respectées dans différents secteurs d’activités de notre vie en société. Souvent, c’est aussi par manque de culture juridique, par renoncement, par méconnaissance des règles, des procédures, des délais et des voies d’exécution forcée éventuellement.
Le Droit gouverne nos rapports; chaque citoyen doit s’informer suivant sa situation, sa condition, des règles, des procédures, des voies et moyens en vue de faire aboutir une cause, de trouver gain de cause.
« Nul n’est censé ignorer la loi » , chacun est tenu de s’informer des règles applicables à sa situation, veiller à leur respect de gré ou de force.
Du plus instruit (pire) à l’analphabète qui n’a jamais fréquenté les bancs, une majorité de mauritaniens démissionne face aux attitudes inciviques qui empoissonnent notre quotidien et rendent chaque jour un peu plus difficile pour les uns et plus facile pour d’autres qui sont la transgression continue des règles, dans la privation des droits d’autrui.
Nous sommes pris dans un piège.
Nous vivons dans une totale anormalité « normalisée » à certains niveaux; une sorte de consensus, de résignation totale autour de la médiocrité, du pas normal, de la résignation autour du désordre généralisé. L’inacceptable est banalisé, on en rit, l’applaudit même parfois. Le désordre: ça ne peut aller bien loin.
Le développement est allergique à l’anarchie. Tous les pays qui se sont développés, ont donné force d’exécution ABSOLUE aux lois et règlements du vivre ensemble.
Le phénomène du « kelchi aadi » est un complexe, il est psychologique, politique ,et économique. C’est un préjugé dangereux qui a pris des bases solides au sein de toute la société mauritanienne et à tous les niveaux. Le premier réflexe pour faire, défaire, ne pas faire, n’est pas souvent celui qui fait appelle au Droit mais malheureusement à l’influence, à l’autorité abusive, aux rapports privilégiés.
Les règles sont faites pour les hommes, elles sont faites pour assurer un certain équilibre, un certain ordre, une certaine harmonie, autrement c’est la jungle, la loi du plus fort, du plus rusé ; du plus fou, du plus nanti. Et cela n’est pas adapté à une société d’humains civilisés…
Pour une culture juridique ancrée dans les réflexes.
Par: Cheikhna Mbouh Tandia

