La Banque mondiale estime à 669 milliards de dollars le montant colossal des envois de fonds effectués par les immigrés vers les pays à revenu faible et intermédiaire en 2023, enregistrant une progression significative de 3,8 % par rapport à l’année précédente.
Dans son rapport publié le 18 décembre, l’institution basée à Washington attribue cette croissance aux « marchés du travail résilients des économies avancées et des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ». Les transferts de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient connaître une augmentation d’environ 1,9 % en 2023, atteignant ainsi 54 milliards de dollars. Cette progression est attribuée à une forte croissance des envois de fonds au Mozambique (48,5 %), au Rwanda (16,8 %) et en Éthiopie (16 %). Les transferts vers le Nigeria, représentant 38 % des flux d’envois de fonds vers la région, ont augmenté d’environ 2 %, tandis que le Ghana et le Kenya ont affiché des gains estimés à 5,6 % et 3,8 %, respectivement.
En Afrique de l’Ouest, le Sénégal est le principal bénéficiaire de ces flux avec près de 3 milliards de dollars, équivalant à 9,4 % du PIB du pays. La Côte d’Ivoire a reçu 446 millions de dollars, le Mali 1,1 milliard (5,4 % du PIB) et le Burkina Faso, 579 millions. En Afrique centrale, à l’exception de la RDC bénéficiant de transferts d’un montant de 1,3 milliard de dollars en 2023, les flux sont beaucoup plus modestes : 375 millions de dollars vers le Cameroun, 18 millions pour le Gabon et seulement 3 millions pour le Congo. La Banque mondiale souligne que les taux de change fixes et les contrôles de capitaux détournent les envois de fonds vers la région des canaux officiels vers les canaux non officiels.
Pour l’année 2024, les flux d’envois de fonds vers la région devraient maintenir cette tendance en augmentant de 2,5 %. Iffath Sharif, directrice emploi et protection sociale à la Banque mondiale, souligne que malgré la résilience des migrants pendant les crises, l’inflation élevée et la faible croissance mondiale impactent la quantité d’argent qu’ils peuvent envoyer. Elle plaide pour l’inclusion des migrants dans les politiques de protection sociale des pays d’accueil, soulignant que leurs envois de fonds constituent une bouée de sauvetage vitale pour les pays en développement.
Les transferts de fonds vers les pays en développement dépassent désormais la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement. En 2023, les envois de fonds des travailleurs migrants devraient surpasser d’environ 250 milliards de dollars le montant des investissements directs étrangers réalisés dans leurs pays d’origine. Alors que cet écart continue de s’accentuer, Dilip Ratha, économiste en chef de la Banque mondiale et auteur principal du rapport, propose d’utiliser les transferts de fonds comme levier pour mobiliser des capitaux privés afin de soutenir le financement du développement, notamment par le biais d’émissions obligataires à destination de la diaspora.