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    L’ère Macky Sall indexée de décennie de la corruption par ses successeurs
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    Le pouvoir de Dakar vient de jeter un pavé dans la mare politique et financière sénégalaise, en décidant d’ouvrir une enquête sur les années de gouvernance de l’ancien président Macky Sall dont les deux mandats précédents, semblent selon les premières déclarations officielles faites par le Gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, fortement entachés de grande corruption.

    Le cas de l’ex homme fort sénégalais et le procès auquel il pourrait être confronté, s’apparentent étrangement à celui de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui purge actuellement une peine de 5 ans écopé au terme d’un retentissant procès.

    Même si le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye ne pourra pas pour l’instant recours à la création d’une Commission d’Enquête Parlementaire pour mettre la lumière sur le présumé carnage financier- l’Assemblée nationale étant dissoute-, d’autres pistes seront toutefois explorées dans les plus brefs délais pour montrer, selon Sonko que « le régime du président Macky Sall a menti au peuple ».

    L’actuel gouvernement semble prendre très au sérieux ce dossier de corruption, qui a fait l’objet, le jeudi dernier 26 septembre courant d’une conférence de presse avec comme toile de fond faire  »l’état des lieux de la gouvernance » du régime Macky Sall.

    Rien qu’en parcourant les titres des journaux, on constate que les 12 années passées par Macky Sall à la tête du Sénégal, auraient été les plus pires d’un pays qualifié de modèle démocratique dans le continent africain.
    Dérapages financiers, mauvaise gouvernance et détournement des deniers publics, mais bien pire de fausses déclarations de dette et de déficit public du pays aux partenaires internationaux.

    « Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques », a dit Sonko aux médias, qui évoque une « méthodologie pour détourner en masse des deniers publics ».

    « Le régime de Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres pour donner une image économique, financière, qui n’a rien à voir avec la réalité », a-t-il précisé, promettant de tout faire pour situer les responsabilités dans cette corruption, signifiant aux hommes de l’ancien pouvoir le devoir d’expliquer aux Sénégalais pourquoi et comment ils ont pu plonger le pays dans cette situation.

    Quelques chiffres qui pourraient n’être que la partie émergée de l’iceberg de corruption
    Le rapport sur la situation des finances publiques a révélé, selon le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, autre intervenant à cette conférence de presse, que la dette publique du Sénégal et le déficit budgétaire ont été plus élevés que publiés par les autorités sortantes et communiqués à nos partenaires durant la période 2019-2023.

    « Le déficit budgétaire a été annoncé à une moyenne de 5,5% du PIB sur la période 2019-2023. Mais en réalité, il a été en moyenne de 10,4 %, soit près du double », a précisé Sarr.
    Concernant la dette publique, celle-ci avait été annoncée en moyenne à 65,9 % du PIB durant la période 2019-2023, alors que dans les faits, elle a été en moyenne de 76,3 % du PIB en raison des déficits publics plus élevés que publiés », a ajouté le ministre de l’Économie.
    « Ainsi, en fin 2023 par exemple, la dette de l’État central, hors secteur parapublic, est à 15 664 milliards, soit 83,7 % du PIB, alors qu’elle était avancée à 13 772 milliards ou 73,6 % du PIB », a affirmé Sarr, selon lequel, il s’agit donc d’un supplément de dette contracté et non publié de près de 1892 milliards, soit 10 % du PIB de plus.

    Cette dette supplémentaire est principalement due à des tirages sur des prêts projets sur financements extérieurs et des prêts contractés auprès des banques locales de façon non transparente, a souligné le ministre.
    Toujours selon Sarr, sur la période 2019-2023, les tirages sur ressources extérieures non inclus dans les déficits ont été en moyenne de 593 milliards, annuellement, et des prêts bancaires non inclus dans les déficits en moyenne de 179 milliards annuellement.

    Des poursuites en perspectives pour des faits d’une gravité incontestée

    Le rapport que vient de nous livrer le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, est à la lumière de ce que vous avez entendu, a déclaré pour sa part à cette sortie médiatique, le ministre de la Justice Ousmane Diagne, selon lequel, ces faits sont d’une gravité certaine et semblent revêtir une qualification pénale que les autorités judiciaires compétentes saisies vont devoir déterminer aux moyens d’investigations qu’elles jugent appropriés.
    Le ministre a rappelé par ailleurs, qu’étant que pays de droit, le Gouvernement ne fera pas de chasse aux sorcières, comme il ne restera pas les mains croisées devant cette grande corruption dont les auteurs une fois identifiés devront en découdre avec la justice.

    Après cette conférence de presse, la balle est désormais dans le camp des autorités judiciaires et policières, dont les investigations attendues devraient donner des éléments de réponse plus édifiants sur cette présumée décennie de corruption à la sénégalaise.

    Toujours rassurant à propos de la transparence de l’enquête à venir, Diagne dit : ce que je peux dire, c’est que ce sera fait avec le maximum de rigueur, de transparence et sous réserve de la règle et du principe de la présomption d’innocence.

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